vendredi 23 mars 2012

M. Sarkozy, le Président Français d'origine Polonaise s'adresse à vous


L'Europe des deux collèges Moi qui suis Algérien, qui vis en Algérie, et dont la carte d'identité mentionne en GROS et NOIR "Nationalité Algerienne" que j'assume, par ailleurs fièrement, je ne comprends pas qu'en France ( et en Europe), chaque fois qu'il y'a un drame comme celui de Toulouse, on met en RELIEF les orig...ines de l'auteur et des victimes aussi qui sont pourtant FRANçAIS (ou Européens) !! On parle de ce Merah -français de nationalité- et on précise, d'origine algérienne ! On parle de 2 de ses victimes - soldats français- et on précise d'origine maghrébine ! On parle de sa 3eme victime -soldat français- et on précise d'origine antillaise ! On parle de ses dernières victimes -citoyens français- et on précise qu'elles sont Juives ! Comme on entend souvent parler d'une telle -même Ministre Française- de ses origines algéro-marcocaine comme Mme Dati ! Comme on entend souvent parler d'un tel -même intellectuel Français- de son origine musulmane comme Benguigui !! Il y'a quelque chose qui ne tourne pas rond. Là, commence réellement à mon avis la stigmatisation, le discrimination, la stratification des citoyens en "citoyens de premier et second collèges". D'où tous les clivages, toutes les spéculations, toutes les dérives qui font le bonheur des extrémistes de tout bord. S'en suivent évidement toutes les tentatives de récupération politicienne par, d'une part, la classe politique française (ou européenne) à chaque fois qu'il y'a un drame tel que celui de Toulouse ou de Norvège d'il y'a quelques mois et , d'autre part, les mouvements terroristes extérieurs à l'Europe comme ces sectes sanguinaires : Al-Qaida et AQMI ! La double ( ou la n) nationalité est un non sens qu'il faut à mon avis interdire. Quand on choisit une nationalité pour vivre dans un pays, on respecte les valeurs, les moeurs et les traditions du pays d'accueil sinon on reste chez soi si on sait qu'on ne peut pas s'y adapter ni s'intégrer ! Autrement , on n'est qu'un étranger, présent sur le sol d'un pays étranger momentanément pour des raisons professionnelles ou autres. Au fait, puisque on parle de ce drame de Toulouse commis par un FRANçAIS , moi, je ne condamne qu'un crime des plus ignobles d'un FRANçAIS commis, en particulier, sur d'innocents enfants FRANçAIS et, rien d'autre ! Tout en le dissociant de l'Islam, de la question palestinienne, des origines des différents "acteurs". Et qu'on arrête définitivement d'associer ces monstruosités aux origines ethniques ou religieuses des assassins (et victimes). S'il y'a un seul échec, c'est celui de la France ( ou de l'Europe) d'octroyer la nationalité au "premier venu". Il m'arrive d'aller en Europe, je ne me soucie nullement de savoir si ma viande est "hallal" ou du cochon ! Je me réjouis au contraire de découvrir les choses, de goutter aux plaisirs que je ne verrais jamais dans mon pays. Je me sens libre d'embrasser sous la Tour Eiffel ma petite amie sans me dire qu'on me scrute et qu'on crie "atteinte à la pudeur! ". Et d'une façon plus générale, quand on est Terrien et qu'on choisisse de devenir Martien, je suis désolé de prétendre qu'on est un Terro-Martien ! C'est soit l'un, soit l'autre ! Dites-moi, chers amis Français, quelles sont les origines de votre Président actuel et de la Première Dame de France ?!! Imaginons à chaque fois que M. Sarkozy prononce par exemple un discours, on annonce :" M. Sarkozy, le Président Français d'origine Polonaise s'adresse à vous !". C'est absurde, pensez-vous, non ?  
 
Barek ABAS - Béjaia, le 22 Mars 2012.

lundi 19 mars 2012

Monsieur Lazhar Jouer par Fellag

Bachir Lazhar, un Algérien de 50 ans, apprend dans le Journal de Montréal qu'une institutrice de sixième année s'est pendue dans sa classe, le soir après les cours. Il va offrir ses services de remplaçant à la directrice de l'école. Il dit avoir a été instituteur à Alger, et il est disponible sur le champ. Bachir fait alors la rencontre d'un groupe d'enfants ébranlés, mais attachants. Le fossé apparaît dès le premier jour alors que Bachir leur propose une dictée hors de leur portée, tirée de Honoré de Balzac. Personnage énigmatique qui pénètre dans un monde de femmes et de réformes pédagogiques, Bachir s'attache peu à peu à Alice et Simon, deux élèves qui se démarquent par leur charisme et qui portent leur lot de culpabilité quant à la mort de leur professeur. Quant à Bachir, personne à l'école ne connaît sa vie algérienne. On ne se doute pas qu'il risque l'expulsion du pays à tout moment?

                                           

Réalisateur Philippe Falardeau               

Acteurs

vendredi 16 mars 2012

La guerre d'Algerie de 1954-1962

jeudi 15 mars 2012

RCD, L'ETAT UNITAIRE RÉGIONALISÉ (E.U.R)



La refondation institutionnelle comme la culture de la gouvernance en vue de l’instauration d’une légitimité démocratique fondée sur le droit ne peuvent plus être différées. Elles imposent, dans l’urgence et à la lumière des bouleversements qui ont marqué le contexte régional, la formulation et la mise en place de modes de gestion politiques en adéquation avec les aspirations d’une Algérie profondément renouvelée et en symbiose avec l’universalité des droits de l’homme et les exigences de l’économie mondiale d'aujourd'hui.
III.1- Considérations générales
Trois considérations majeures d’ordre historique, économique et politico-géographique doivent être prises en compte pour définir un système institutionnel et administratif de renouveau propre à notre pays :




1-Au plan historique, la déclaration de Novembre 1954 et la plate-forme de la Soummam constituent les références les plus consensuelles du peuple algérien. L’Algérie de Novembre 1954 avait été organisée en cinq zones qui deviendront, à la suite du Congrès de la Soummam,les six wilayate historiques. Ce découpage, qui correspondait aux profondeurs sociologiques et culturelles du pays, a montré sa fiabilité et sa pertinence durant toute la guerre de libération nationale.

2- Au plan économique, le développement ne peut être réel, dynamique et soutenu que s’il est intégré dans un espace géographique viable. Au niveau mondial, la réorganisation des pôles économiques inspirés d’entités historiques cohérentes donne une bonne indication des tendances en matière de recomposition politico-administrative. Il y a une quinzaine de pôles de développement correspondant à des régions naturelles dans notre pays. Il y a lieu de leur donner une traduction juridique.
Aucune des deux instances politico-administratives d’aujourd’hui (Etat centralisé ou wilaya) n’est adaptée aux nouveaux impératifs économiques. Il est reconnu, y compris par les pouvoirs publics actuels, que les infrastructures,les équipements, les installations industrielles, les hôpitaux, les universités, les centres de recherche ont trouvé des limites trop étroites au niveau de la wilaya ou trop vastes au niveau du pays. C’est pourquoi, un édifice institutionnel nouveau à mi-distance entre les deux entités administratives actuelles s’impose de toute urgence.

3-Au plan politico-géographique, deux fait sont marqué l’évolution administrative de l’Algérie. Des changements récurrents,souvent opérés pour des considérations politiques clientélistes et partisanes et, une multiplication d’institutions et d’unités territoriales artificielles qui n’obéissent ni à une organisation cohérente de l’espace ni à une gestion administrative rationnelle. L’Etat est conçu pour contrôler la société et non pour favoriser son épanouissement.
Le constat est, en tout état de cause, clair. Miroir de l'Etat colonial,l’Etat centralisé qui a prévalu depuis 1962 et qui consacre l’hégémonie et la mainmise administrative sur le local, a montré ses limites. La réorganisation territoriale, la régionalisation et la décentralisation des pouvoirs, la libération des énergies et la responsabilisation des instances locales et régionales sont désormais à l’ordre du jour et constituent des préalables à toute forme de gestion démocratique.
Pour le RCD, la société algérienne a sa propre histoire ; cette dernière appelle ses propres modes d’expression et d’organisation. L’Etat unitaire régionalisé (EUR) organisé sur la base du principe d’une régionalisation modulable est l’alternative à l’impasse politique et institutionnelle actuelle. L’Etat unitaire régionalisé a l’avantage de conjuguer la maitrise de la bonne gouvernance tout en accordant une modulation souple dans les intégrations des régions, selon leurs niveaux de développement économique, leur capacité d’encadrement et la volonté de leurs populations à disposer de plus ou de moins de prérogatives par rapport à l’autorité de l’Etat central.
L’Etat unitaire régionalisé que le RCD propose à la Nation permettra de promouvoir une intégration nationale démocratique et un développement national en harmonisation avec l’Etat central qu’il consolidera.





III.2- Les contours de l’Etat unitaire régionalisé
L’Etat unitaire régionalisé s’articule autour des principes directeurs suivants :



.2.1- La région naturelle : produit de contingences géographiques, historiques, socioéconomiques ou politiques, la région est une étendue caractérisée par son unité et sa cohérence. En Algérie, quoique niée et combattue, la réalité historique, sociologique, culturelle, économique et même politique de la région est indéniable. Cette réalité a, depuis longtemps,précédé l’institution juridique. Les services administratifs régionaux–englobant plusieurs wilayas- issus de la colonisation et de l’administration beylicale turque ont été, pour certains d’entre eux, reconduits après l’indépendance. La wilaya s’est avérée, comme cité plus haut, trop petite pour les besoins d’aménagement du territoire du plus grand pays d’Afrique.
La réalité économique régionale a été ainsi matérialisée sur le terrain à travers la mise en place de structures et de services publics régionaux au sein de l’administration fiscale, douanière, les domaines, les banques, les chambres régionales d’industrie, d’agriculture et de commerce.
Conçus pour asseoir localement l’administration de l’Etat et contrôler la société, ces services se sont vite avérés dans les faits comme une nébuleuse, travaillant en vase clos, dont la fonction est de s’identifier aux seuls domaines de compétence de leurs hiérarchies sectorielles et de l’administration centrale.
Aujourd’hui, il faut s’émanciper de ces schémas pour institutionnaliser cette réalité sociale et concevoir des collectivités régionales dotées de pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires. Le transfert vers les régions de la plus grande part possible de la décision socioéconomique et politique permettra de créer, responsabiliser de véritables autorités locorégionales autonomes qui seront, de fait, des institutions de renouveau proches des proximités capables d’impulser le processus de démocratisation, de développement économique et d’intégration sociale.
III.2.2-Le domaine des compétences : l’EUR implique une redéfinition des missions de l’Etat tant au niveau central que local pour donner un sens démocratique et de bonne gouvernance à la régionalisation. A cheval entre l’Etat unitaire et l’Etat fédéral, l’Etat unitaire régionalisé aura à relier une douzaine de capitales régionales qui seront constitutives de pôles de décisions de régulation, de concertation et d’une élite compétente qui agiront au plus près des intérêts locaux et régionaux sans être déconnectées du pouvoir central.
Cela suppose qu’au niveau national, l’Etat central aura à se concentrer sur ses missions régulatrices et régaliennes que sont la politique étrangère,monétaire, douanière et de défense nationale tout en œuvrant pour un développement intégré des régions. Au niveau régional, chacune de ces capitales sera dotée d’un pouvoir d’unité d’action et de décision incarné par un organe exécutif dépositaire de la légitimité populaire et d’un organe législatif pourvu de larges compétences, pour développer une politique institutionnelle propre -dans le cadre global fixé par la Constitution- et une administration spécifique dotée de la faculté décisionnelle et une assise financière et économique propre.
De ce fait, les compétences des collectivités régionales seront davantage orientées vers les politiques économiques, sociales, culturelles et identitaires suivantes :
– l'organisation de leurs institutions d’auto gouvernement et services régionaux (administration générale) ainsi que la police urbaine et rurale;
– la délimitation des circonscriptions municipales faisant partie de leur territoire (wilayate et communes) ;
– l'aménagement du territoire, l'urbanisme et le logement ainsi que les travaux publics présentant un intérêt pour la région sur son propre territoire ;
– les transports et communications tels que la voirie routière régionale, les ports de pêche et de plaisance et aérodromes incluant le réseau ferroviaire et routier dont l'itinéraire s'étend intégralement sur le territoire de la région ;
– environnement et salubrité;
- marchés et foires intérieures et internationales ;
– la santé publique (hôpitaux et protection de la santé) et l’action sociale ;
– les services économiques (promotion économique, commerce et industrie, agriculture, pêche), la gestion des forêts et les exploitations forestières ;
– l'encouragement du développement économique de la région dans le cadre des objectifs fixés par la politique économique nationale. Il appartient à l'Etat central de planifier l'activité économique générale. Le gouvernement central élabore les projets de planification économique conformément aux données prévisionnelles que lui fournissent les régions ;
– les projets, la construction et l'exploitation des installations hydrauliques, des canaux et des systèmes d'irrigation présentant un intérêt pour la région, les eaux minérales et thermales,
– promotion de l’artisanat et l'aménagement du tourisme dans le cadre territorial et régional ;
– l’éducation, la formation professionnelle et l’enseignement supérieur ;
- la promotion culturelle (musées,théâtres, bibliothèques, conservatoires de musique, le patrimoine architectural présentant un intérêt pour la région) ;
– la promotion de la recherche, de la culture et de l'enseignement de la langue de la région ;
– la promotion du sport et des loisirs.
III.2.3- Parlement national et Parlement régional : chaque région est dotée de son propre parlement. L’Assemblée régionale élue aura vocation à légiférer et contrôler l’exécutif régional dans les limites des pouvoirs dévolus à l’autorité régionale. L’Assemblée nationale, quant à elle, doit être un fidèle reflet de la Nation. Ses attributions doivent recouper celles dévolues à l’Etat central.
III.2.4- La régionalisation modulable : la régionalisation de l'Etat peut être opérée de façon modulable et progressive.Chaque région peut organiser les transferts de compétences selon son propre rythme ; le niveau d'autonomie étant fonction de la demande sociale régionale et de ses capacités matérielles et humaines.
Deux types de régions sont envisagés :
-des collectivités de pleine autonomie qui ont un nombre de compétences minimum qui ne peut être dépassé.
-Des collectivités d’autonomie progressive dont le transfert se fera en fonction de leur évolution socioéconomique, les besoins et l’aspiration de leurs populations. Les compétences initiales représentent un maximum qui ne peut être dépassé.
III.2.5- La juridiction suprême d'arbitrage : l'Etat unitaire régionalisé implique la mise en place d'une juridiction suprême chargée d'arbitrer entre les Régions et l'Etat central et veiller à la constitutionnalité des lois et décrets votés par les Régions. Cette instance garantira, également, le respect par toutes les collectivités régionales du socle de valeurs républicaines et démocratiques à la base du consensus national.

III.2.6- La solidarité interrégionale : le principe de solidarité et l’équilibre régional trouvent pleinement leur expression dans l’Etat unitaire régionalisé à travers notamment l’institutionnalisation d’un fonds de compensation interrégional. L’Etat garantit la matérialisation effective du principe de solidarité et veille à la concrétisation d’un équilibre économique, adéquat et juste entre les diverses parties du territoire par le recours à des mécanismes de péréquation.
S’agissant de notre pays, le constat est unanime. Les politiques de développement, conçues par le pouvoir central comme des politiques d’assistance aux régions déshéritées, au lieu de réduire les disparités régionales, n’ont fait que les exacerber et créer un déséquilibre préjudiciable au projet national commun. Des populations entières ressentent,aujourd’hui, un sentiment d’exclusion, de frustration et d’injustice.
A cet effet, l’Etat unitaire régionalisé mettra en place un fonds de compensations interrégional en vue de garantir un minimum de services publics et relever les conditions socioéconomiques et culturelles des régions défavorisés. Le système de financement de la communauté nationale se fera parles revenus provenant du transfert de l’Etat central et les ressources fiscales gérées ou recouvrées par les instances régionales.
III.2.7- Le budget : le budget national est élaboré sur la base préalable des budgets régionaux. Les ressources naturelles sont des biens communs de toute la Nation et sont distribuées équitablement aux régions au prorata de leurs habitants. Il appartiendra aux instances nationales, de veiller aux différents équilibres régionaux et d'assurer une équité qui tienne compte à la fois de la densité des populations, de la superficie du territoire, des potentialités naturelles et économiques de la région et des réalisations et besoins exprimés par les populations.
Le financement des projets d’investissement doit se faire d’un commun accord entre l’administration centrale et les collectivités régionales par l’entremise d’une structure des investissements publics. L’Etat doit veiller à la destination et au contrôle des aides accordées par les fonds de compensations interrégional et des projets qu’il finance.

III.2.8- La fiscalité : la politique fiscale est de la compétence de l'Etat central. La Région doit, toutefois, disposer des revenus de sa propre fiscalité ; ceux-ci étant le meilleur gage du maintien du lien de responsabilité entre les élus et leurs mandants. En outre, chaque région doit participer à la reconstitution du trésor public par une contribution financière évaluée de façon paritaire.

III.2.9- La solidarité intercommunale : dans le contexte de l’EUR, la revitalisation du pouvoir local revêt une priorité cardinale pour faire en sorte que l’élu reste en relation constante avec les citoyens qui l’ont porté à la responsabilité.
Le rôle des communes sera mieux précisé et élargi pour plus d’efficacité afin de décompresser le pouvoir central et atténuer les tensions sur ses structures. Il convient de revaloriser et fixer leurs pouvoirs et attributions et les libérer du diktat de la tutelle pour consolider la démocratie de proximité et s’attirer les cadres et l’élite politique et économique dans leur gouvernance.
La mise en place de la régionalisation sera ainsi consolidée par un second pôle axé sur les communes-partenariat ou la solidarité intercommunale ; pour en faire un cadre où ces processus d’organisation renouvelés trouveront leur énergique mise en mouvement dans une synergie au plus près de l’Etat, des proximités et des citoyens.
III.2.10- La régionalisation et l’Afrique du Nord : au niveau local ou territorial, la gouvernance s’exerce pour l’ensemble des pays nord africains à travers les seuls processus réducteurs de centralisation et déconcentration. Chacun de ces pays a connu des développements régionaux inégaux dans la mesure où ce sont les régions maritimes et du Nord qui ont le plus bénéficié des richesses nationales ; les régions de l’intérieur et frontalières étant les plus défavorisées.
Ces dernières très proches culturellement et socialement les unes des autres, marquées par des attaches puissantes, trouveront un nouvel essor dans la perspective d’une politique nord-africaine d’aménagement du territoire. Les régions devront pouvoir développer des stratégies de coopération, à différents niveaux, interrégionaux non seulement en Algérie mais aussi dans tout l’espace nord-africain.
En ce sens, la refondation nationale que projette le RCD est un concept-programme qui postule la régionalisation d’une nation algérienne intégrée dans une matrice nord-africaine, elle-même en synergie avec la Méditerranée occidentale.

lundi 12 mars 2012

BERCEAU DE LA POESIE BERBERE HOMMAGE A TAOS AMROUCHE

Par : R. Salem
Si toutes les femmes du monde ont fêté, ce jeudi, la journée qui leur est consacrée officiellement depuis l’année 1977 par les Nations Unies, le devoir de mémoire interpelle néanmoins l’humanité quant à rendre hommage à ces grandes dames qui ne sont plus de ce monde. Marguerite Taos Amrouche est l’une de ces femmes quand on sait, de surcroit, que cette date coïncide à quatre jours prés du 99eme anniversaire de sa naissance et à moins d’un mois du 36eme anniversaire de son. Prénommée Marie Louise pour certains, cette dernière s’illustre par la première romancière algérienne d’expression française. De parents kabyles, originaires d’Ighil Ali, dans la wilaya de Bejaia, elle est née le 04 mars 1913 à Tunis. Tout comme son frère, Jean Mouhoub Amrouche, poète-écrivain, elle s’est conférée à la double culture Berbéro-Française tant elle s’est résolue à conjuguer le roman d’expression française à la chanson berbère. Belkacem Amrouche, son père, converti au catholicisme avait grandi dans le giron des Pères Blancs qui l’avaient baptisé à l'âge de cinq ans. N’ayant pu accepter d'épouser la fille du village qu'on lui avait promis, il devait émigrer, en compagnie de Fadhma Nath Mansour Amrouche, celle qu’il avait choisie et qui n’est autre que la mère de Taos, en Tunisie où dénicha un emploi au sein de l’entreprise des Chemins de Fer à Tunis. Sa mère, Fadhma Aït Mansour (1882-1967), auteur de "Histoire de ma vie" (autobiographie posthume, publiée en 1968), était élevée dans l’une des premières écoles de filles en Algérie. Illustre interprète des chants classiques berbères hérités de sa mère, Taos Amrouche avait entrepris la collecte de ces chants dès 1936. Engagée avec un premier répertoire, elle marqua, en 1939, sa présence au Congrès de la Musique Marocaine à Fès où elle présentait pour la première fois au public quelques chants rituels berbères du Djurdjura. Repérée à cette occasion, elle obtint une bourse d'études pour la Casa Velázquez, à Madrid, où elle portait intérêt, deux ans durant, aux anciens chants espagnols qu'elle interprètera par la suite. C'est au cours de ce séjour en Espagne qu'elle rencontra le peintre André Bourdil, qui devient son mari. En 1945, le couple s'était résolu à s’installer définitivement à Paris. Là, Taos Amrouche fut vite reconnue comme la spécialiste des chants berbères. Elle enregistra alors plusieurs disques, notamment Chants berbères de Kabylie qui lui vaut le grand prix de l'Académie du disque en 1967. À partir de 1949, elle se consacra à la réalisation des émissions radiophoniques telles que Chants sauvés de l'oubli, Souvenons-nous du pays, ainsi que L'Étoile de Chance. Au passage, autant souligner que Taos avait aussi investi ce domaine puisqu’elle avait mené une carrière de chroniqueuse à la radio, d'abord à Tunis, dès 1942, puis à Alger en 1944. Elle avait assuré à la radiodiffusion française une chronique hebdomadaire en langue kabyle, consacrée au folklore oral et à la littérature Nord-Africaine. Amie d'André Gide et de Jean Giono, Taos Amrouche était douée d'une voix rarissime qui lui avait permis d’interpréter de très nombreux chants berbères, qu'elle tenait de sa mère, et se produisait dans de nombreuses scènes. En 1966, elle obtient le Disque d’or à l’issue du festival des arts nègres de Dakar. Seule l’Algérie lui refuse les honneurs : elle n’est pas invitée au Festival culturel panafricain d’Alger en 1969. Elle s’y rend tout de même pour chanter devant les étudiants d’Alger. Taos Amrouche à œuvré pour la culture berbère : elle avait longuement participé à la fondation de l’Académie berbère à Paris en 1966. Taos Amrouche meurt à Saint-Michel-L’observatoire, près de Paris, où elle fut inhumée en avril 1976. Son dernier roman, Solitude ma mère, resté inédit jusqu'en 1995, est publié par Joëlle Losfeld, éditrice de la majeure partie de l'œuvre. Historique de la conservation : Certains ensembles déjà constitués ont été annotés par Laurence Bourdil, fille de Taos Amrouche, apportant de précieuses indications sur la datation des documents et le contexte de leur production. Au demeurant, les manuscrits conservés concernent à la fois ses romans, les émissions radiophoniques qu'elle a animées à l'ORTF et des articles pour la presse. Plusieurs cahiers de notes manuscrites révèlent le travail de préparation pour ses romans ou ses émissions radiophoniques. Des enregistrements, bandes magnétiques ou disques vinyles 33 tours, permettent d'avoir accès à quelques émissions radiophoniques, à des entretiens, notamment avec sa mère Fadhma Aït Mansour, mais aussi à ses chants ou à des conférences. Une correspondance abondante vient enrichir ce fonds (nombreuses lettres à sa famille, à son mari André Bourdil, à son frère Jean Amrouche, mais surtout à sa mère Fadhma Aït Mansour). À noter d'autres échanges épistolaires remarquables avec Jacqueline Arnaud, Jean Giono, ou encore avec Mohammed Dib, René Étiemble, Gabriel Audisio, Léopold Sédar Senghor et Kateb Yacine. Des travaux importants concernant l'œuvre de Taos Amrouche, notamment ceux de Jacqueline Arnaud et de Denise Brahimi, un dossier de presse très fourni sur la réception de son œuvre ainsi que des photographies viennent se joindre à cet ensemble. Plusieurs dossiers d'hommages posthumes, dont ceux concernant les deux hommages rendus en 1994 et 1995 à Taos Amrouche par l'Institut du Monde arabe, ont été déposés avec le fonds.

samedi 10 mars 2012

Et toi, qui pleurera, le jour de ton départ ?

Et toi, qui pleurera, le jour
de ton départ ?

Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.fr
Pourquoi Aït Ahmed ne démissionne-t-il pas ?
Cé tak-tik !
Le bruit court de plus en plus en fort, au point d’emplir les couloirs. Il va démissionner ! Des sources de plus en plus concordantes, en temps et en nombre, me l’ont confirmé sous le seau à champagne. Indubitablement, il devrait démissionner dans les heures à venir. Une salle aurait déjà été prévue à cet effet, pour cette annonce capitale. Une salle à la hauteur de ce geste tant attendu. Assurément, il va démissionner. Reste juste à régler certains problèmes d’ordre, disons, logistique. En premier, les pleureuses. Si pour Sadi du RCD, des militantes et des militants, des cadres du parti, des députés et des personnalités n’ont pu naturellement retenir leurs larmes, pour lui, par contre, ça va être plus difficile. Avec toute la bonne volonté du monde, même en faisant semblant, on voit mal qui va pleurer son retrait. Et donc, il va falloir faire appel à des pleureuses professionnelles. C’est le seul moyen de voir des larmes de tristesse au moment où il fera son annonce. Autre difficulté, celle de sa succession. Si au RCD, il existe une foultitude de cadres, de membres de la direction jeunes et compétents, lui, par contre, a tellement fait le vide autour de sa personne, a tellement géré de manière autocentrée que l’on ne voit vraiment pas à qui il pourrait passer le témoin. Autant, lorsqu’il faut des larmes devant les caméras, il est aisé de faire appel à des pleureuses professionnelles, autant là, pour la succession, il est quand même difficile, pour ne pas dire impossible, de former en quelques heures une phalange de jeunes successeurs compétents et aux épaules assez larges pour assurer la relève, ceux qui en avaient la capacité et l’envergure ayant été laminés, écrasés, voire même humiliés. Mais il va démissionner. Parce qu’il ne supporte pas que quelqu’un d’autre lui vole la vedette ! Là, en ce moment, il est vert de jalousie de voir et d’entendre tout le monde broder si joliment autour de la démission du psy. Ça le met dans une rage folle, car il aime par-dessus tout faire le buzz, lui et surtout pas les autres. Donc, il va démissionner, c’est maintenant acquis ! D’où je tiens cette certitude que Abdekka va démissionner ? Ben… de Tata Louisa elle-même. De retour de Tindouf où elle se trouvait en cure, bain de boue et mise au vert, elle a tenu à me mettre dans la confidence. Elle m’a assuré qu’il allait démissionner. Elle m’a même montré le badge qui lui a été envoyé pour la cérémonie. Elle devrait d’ailleurs être assise au tout premier rang. Juste en contrebas de l’estrade et du pupitre duquel Abdekka prononcera son dernier discours. Est-ce qu’elle va pleurer lorsque Boutef’ va annoncer son départ ? Là, très franchement, vous m’en demandez trop. Le seul truc dont je suis sûr, c’est qu’elle, par contre, ne démissionnera pas. Sinon, elle m’en aurait parlé, vous pensez bien. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.

vendredi 9 mars 2012

Said Sadi : L’avenir vous appartient

Le président du RCD Said Sadi a annoncé vendredi 9 mars sa décision de ne pas briguer un nouveau mandat à la tête du parti qu’il a cofondé en février 1989. Il dresse dans un long discours son bilan et explique pourquoi il cède aujourd’hui la place à d’autres cadres du parti. Voici l'intégralité de son discours.

Monsieur le président, mesdames messieurs les congressistes, chers amis,
Avant de commencer mon intervention bilan, j’aimerais adresser mes salutations les plus chaleureuses, en ce lendemain du 8 mars, journée internationale de la femme, aux citoyennes présentes parmi nous ici. Leur engagement est à la fois un message d’alerte et d’espoir.
D’alerte car la condition de la femme algérienne est la plus contraignante de toute la rive sud de la méditerranée ; message d’espoir car le nombre de femmes congressistes ici témoigne de la détermination de nos concitoyennes à se mobiliser pour changer le cours des choses. En refusant le rôle de sous-citoyennes qu’on leur impose officiellement depuis 1984 elles honorent le combat et le sacrifice des Kahina, Fadma n Summer et autres Hassiba ben Bouali qui les ont précédées dans les luttes pour la dignité, l’égalité et la liberté
Chers amis,
Nous savons tous que notre pays vit un moment critique de son histoire. Symboliquement, nous célébrons le cinquantième anniversaire de l’indépendance. Force est de constater que le message de la révolution de novembre et le programme de la Soummam qui avaient promu le citoyen comme l‘arbitre et l’acteur de la cité démocratique algérienne sont reniés et combattus.
Les Algériennes et les Algériens, spoliés de leurs droits les plus élémentaires, sont aussi dépossédés de leur mémoire et exclus de leur histoire. L’Etat abandonnant ses missions sacrées, a muté en instrument d'une oligarchie s’adonnant à la rapine et l’exclusion en toute impunité. Chaque jour nos compatriotes, au rang desquels les jeunes, expriment leur désarroi et leur colère dans la rue. En 2010, plus de 9000 émeutes ont secoué le pays.
Ce chiffre est passé à 11000 en 2011 et rien ne dit que l’accélération va ralentir en 2012. Autour de nous, les peuples se libèrent les uns après les autres de dictatures d’autant plus difficilement que la durée de leur oppression a broyé plusieurs générations. C’est avec ces oligarchies criminelles et prédatrices que le système algérien se commet, humiliant la nation et insultant les valeurs et les sacrifices qui ont contribué à son émergence dans l‘histoire contemporaine.
Devant un climat pré-insurrectionnel national et un bouleversement régional annonciateur d’une nouvelle reconfiguration historique des modes de gouvernance dans le sud, le régime en place prend toujours en otage le destin algérien depuis cette fatidique année de 1957 quand les forces du mal algériennes et françaises, coalisées de fait, ont éliminé Abane Ramdane et Larbi Ben M’hidi. Violence, opacité, népotisme et corruption furent et restent à ce jour les moyens par lesquels les dirigeants conçoivent la conquête du pouvoir et son exercice.
Qu’a fait et dit le RCD depuis le dernier congrès tenu dans cette même salle en 2007 ?
Il a fallu veiller à entretenir une éthique politique dans un univers de reniement et de prédation générale, préserver un fonctionnement moderne et démocratique dans nos rangs garder le cap de la construction d’un projet alternatif, mettre en œuvre nos résolutions et animer le débat national et communiquer dans une vie publique éteinte.
Nous avons veillé à ce que dans nos rangs les conduites de chaque militant soient conformes à l’éthique qui fonde le projet que nous défendons. Face à un régime dominé par une police politique qui a confisqué la nation avec ses ressources et ses symboles, le RCD, toujours fidèle à son combat pacifique a lutté sur le terrain auprès de toutes les catégories sociales. Dans le logiciel du DRS, notre rassemblement devait, plus que tout autre parti, être diabolisé et contenu dans des dimensions et des apparences ne dépassant pas le rôle d’alibi démocratique.
Pour la police politique l’Algérie de Abane a été enterrée en 1957. Elle ne doit pas seulement être combattue, elle doit être néantisée. Tout ce qui peut la ressusciter ou lui faire écho doit être neutralisé dès lors que le choix d’un pays dominé par l’islamo-populisme était fait une fois pour toute en 1962. Rappelons-nous les dernières manœuvres des services spéciaux quand le RCD a pris la décision de lancer un mouvement de contestation pacifique à l’hiver 2011.
Pour arrêter les marches d’un parti que les officines de la propagande stalinienne se plaisaient à réduire à une existence symbolique, 30 000 policiers ont été mobilisés pendant 3 semaines par un pouvoir qui prétendait avoir remporté les présidentielles avec 90% des suffrages ? Les transports en communs avaient été bloqués et les campus universitaires furent encerclés pour empêcher les étudiants de participer aux manifestations.
Quand quelques jours plus tard, nous avions demandé la salle Harcha qui peut accueillir 8000 personnes pour organiser un meeting, elle nous a été refusée au motif fallacieux qu’elle était en travaux, lorsque nous avions voulu occuper la salle où nous nous trouvons aujourd’hui, on nous expliqua qu’elle devait accueillir le jour même de notre activité le championnat du monde de judo ce qui, évidemment, était une supercherie. Par contre le DRS fit savoir par ses annexes que nous pouvions, en fait il voulait dire nous devions, nous réunir dans des salles contenant 2 à 300 places.
Quand le RCD enlève des mairies hors de la Kabylie comme ce fut le cas à Beni Abbes ( Béchar ) ou Beriane ( Ghardaïa ) la police politique qui a fait de la fragmentation de la collectivité nationale une stratégie et un objectif ne s’embarrasse pas de scrupule. Elle actionne la justice qui destitue nos élus en violation des lois et règlements.
La fraude qui réduit à la portion congrue le RCD ne suffit pas à rassurer les héritiers des falsificateurs de l’histoire, des gestionnaires des ténèbres que sont les fossoyeurs du destin algérien. Pour la police politique, le pire des dangers est que notre parti engage un combat face auquel les recettes qui ont dissuadé, tenté ou découragé tant d’autres sont inopérantes.
Il est important de bien étudier la phobie que cultivent les services spéciaux contre le RCD car elle révèle la nature du coeur du système politique algérien en même temps qu’elle en dévoile les intentions. Nous avons lancé une lutte permanente dans le pays en assumant quotidiennement et ouvertement une contradiction et une contestation des fondements du système. Ni les pressions ni les menaces ni les désinformations ne nous ont atteints. En cela le RCD est un repère, un acteur et un vecteur non intégrable dans le logiciel politique qui sévit depuis plus d’un demi-siècle en Algérie.
Des observateurs s’étonnent de ce que nous concentrions nos attaques contre les services spéciaux pendant que les propagandistes du régime sont, une fois de plus, rameutées pour nous seriner la chanson du péril intégriste. Il faut entendre une fois pour toute une vérité : en Algérie l’intégrisme a été produit, entretenu et manipulé par les services spéciaux.
Au lendemain des indépendances du Maroc de la Tunisie et de l’Algérie, notre pays était celui qui était le plus réfractaire au fondamentalisme. Pourquoi, comment et pour quels objectifs la nation algérienne est-elle devenue la matrice où a germé le phénomène islamiste avant de contaminer toute la région ? La réponse est très simple. Les membres du conseil national du RCD ici présents ont eu toute latitude d’analyser et de décrypter la lente agonie de l’espérance démocratique algérienne.
Depuis la réunion du Caire de 1958 qui a renié la Soummam, le choix de l’islamo-populisme était retenu comme anti-dote de l’Etat démocratique et social qui avait nourri le réveil algérien du 20éme siècle. Depuis, l’indépendance n’a été qu’un processus inexorable de mise en œuvre de cette funeste option.
Dès 1962, l‘école algérienne a été livrée aux frères musulmans égyptiens avant d’être investie par les forces les plus rétrogrades du pays. Faire des enfants du peuple des sous-citoyens abandonnés au sectarisme, à l’inculture et à la haine de l’autre et de soi fut un choix délibéré sur lequel notre peuple devra un jour se donner le droit de statuer, car il s’agit probablement là de l’un des crimes d’Etat les plus dévastateurs de notre histoire contemporaine.
Hormis Mohamed Boudiaf Llah irahmou, aucun dirigeant, aucun gouvernement n’a voulu lancer un débat sur ce glissement tectonique qui a provoqué la régression dans laquelle se délite la nation. Aucun secteur n’a échappé à cette diabolique orchestration : c’est le FLN qui a imposé dès 1976 le week-end des jeudi et vendredi avec les coûts politiques, économiques et symboliques que l’on sait.
C’est Boumediene qui a fait supprimer le serment d’Hippocrate à la faculté de médecine, c’est également sous son règne qu’ont été éliminées les sciences sociales de l’université algérienne. C’est toujours le même parti qui a infligé à l’Algérie en 1984 le code de la famille le plus archaïque de la rive sud de la méditerranée. Le même cynisme se perpétue aujourd’hui. C’est le télégraphiste du DRS, et non un responsable islamiste, qui vient de décider l’interdiction des débits de boissons alcoolisées.
C’est la salle où l’administration coloniale rassemblait ses béni oui oui qui tient lieu, en 2012, de siège à l’assemblée nationale. Le député ne dispose ni de bureau pour recevoir ses concitoyens ni d’attaché parlementaire pour l’assister dans sa mission ni de permanence dans sa circonscription. Il semblerait que le budget de l’Etat ne permettrait pas de dégager les dépenses nécessaires à la réalisation de ce genre d’infrastructures. Par contre, les ressources financières sont disponibles pour construire une mosquée qui reviendra à plusieurs milliards de dollars ; mosquée qu’aucun Algérien n’a demandée.
La démagogie, la fuite en avant dans la compromission fondamentaliste a été une constante dans le projet de contre-développement du FLN.
Il est indécent d’entendre le système qui a semé, greffé et manipulé l’islamisme depuis un demi siècle prétendre en redouter l’avènement. Que peut-il se passer concrètement aujourd’hui si un parti islamiste officiel venait à être majoritaire à l’assemblée ? Il chômerait ; son programme étant appliqué depuis longtemps.
Oui il y a quelque chose qui relève du proxénétisme politique dans cette démarche qui consiste à imposer des conduites sociales à des populations, en protéger les siens et en tirer seuls les dividendes. Augmenter le nombre de sièges à l’assemblée nationale au moment où les pays développés en réduisent le nombre participe de la même démarche : élargir les clientèles pour mieux asseoir ses réseaux.
Oui il y a quelque chose qui relève de la prostitution dans cette propension à se commettre dans des élections jouées d’avance au moment où le peuple algérien exprime sa fureur quotidiennement dans la rue et que, dans le même temps, notre environnement géopolitique s’engage dans un mouvement historique pour s’émanciper de systèmes prédateurs ayant engendré des régressions qui affecteront des générations entières et qui ne doivent leur survie qu’aux concessions attentatoires à la souveraineté économique et politique de leur pays.
On voit les dirigeants algériens, plus autistes que jamais, se réjouir des difficultés rencontrées par les révolutions tunisiennes, libyennes ou égyptiennes dont elles ont soutenu les despotes jusqu’au bout. Ces dirigeants se trompent lourdement. J’étais en Tunisie il y a moins d’un mois.
Quelles que soient les difficultés politiques, sociales et économiques qu’il vit, le Tunisien se bat et avance. Et à tout prendre, mieux vaut affronter le parti islamiste En-nahdha qu’une formation hermaphrodite qui déstructure et enfonce dans les archaïsmes les plus nauséabonds la société, lâchement, sournoisement une nation sans assumer ses choix et, plus grave, sans provoquer l’indignation qu’ils appelleraient s’ils avaient été commis par des acteurs identifiés comme agents islamistes.
Sur ce registre comme sur tous les autres nous avons adopté les positions les plus justes car elles furent dictées par la conviction militante et l'étique citoyenne. Je suis en train d’écrire un livre sur les 50 ans de l’Algérie indépendante. En consultant quelques unes de mes archives, je suis tombé sur la déclaration que j’ai faite sur les ondes de la radio chaîne 3 le soir de la proclamation des résultats des législatives de 1991.
Je disais en substance que si ces résultats étaient conformes au choix du peuple algérien, il fallait les accepter. Etant entendu que ceux qui accèdent au pouvoir par les urnes doivent respecter les règles de base de la démocratie qui sont intangibles : le droit des minorités, le principe de l‘alternance dans le cadre de l’Etat de droit, les libertés d’expression et d’organisation, le respect des délais des mandatures sont des paramètres intangibles.
Le regretté Benhamouda, ayant entendu ma déclaration est venu me voir pour me dire que les islamistes ne respecteront jamais le jeu démocratique. Je lui avais répondu que puisqu’un agrément leur avait été délivré, il fallait les tester.
Malheureusement, il n’a pas fallu bien longtemps. Nous nous rappelons tous des oukases qui ont aussitôt suivi les élections : ceux qui ne se soumettent pas aux nouvelles lois étaient des impies, de nouvelles règles alimentaires et vestimentaires devaient s’imposer, s’il fallait raser une région pour accélérer l’avènement de la théocratie, il ne fallait pas hésiter à le faire... A partir de ce moment là, il fallait assumer ses responsabilités et nous l’avons fait. Aujourd’hui, nous devons réagir exactement de la même manière.
Tous les Algériens agissant pacifiquement et respectant les lois ont le droit de participer aux élections. S’ils outrepassent ou violentent les règles fondamentales de la démocratie, il faut s’opposer à eux. Ce qui était vrai en 91 est vrai aujourd’hui.
On peut faire de la politique avec dignité et loyauté y compris dans un pays où l'abus et l’opacité sont au pouvoir. Personne ne nous prendra en défaut de clarté, de cohérence et d’intégrité.
Chers amis,
Nous nous sommes imposés deux règles en tout lieu et toute circonstance : ne jamais négocier ses principes et ne jamais s’impliquer dans une démarche politique engageant la nation sans prendre à témoin l’opinion publique.
Nous avons refusé de sombrer dans les surenchères et les démagogies dans lesquelles s’abîment les militants de la démocratie de la 25éme heure qui se figent dans des postures de radicalité surfaite pour masquer leurs défections ou leurs compromissions. C’est parce que nous avons toujours été sur le terrain, constants dans nos positions et rigoureux dans nos approches que nous sommes aujourd’hui légitimes pour prôner une démarche de sauvegarde nationale en dehors et contre le système.
Chers amis,
Les choix criminels qui ont été faits depuis 1962 n’ont pas seulement dénaturé une belle épopée engagée par les femmes et les hommes de notre pays pour la liberté, la modernité et l’universalité, ils n’ont pas seulement avili une nation promise à toutes les espérances sur la scène internationale, il a engagé notre peuple dans le pire des chemins : celui de la désespérance. Nos jeunes se jettent à la mer, nos cadres fuient par dizaines de milliers.
Le pays perdant sa plus belle, sa plus précieuse des richesses se dévitalise. L’économie est prise en otage par des mafias, l’administration est délabrée, la justice est le symbole de l’indignité nationale et le gouvernement algérien est tribalisé. « Rome, Rome, ville à vendre, tu périras si tu trouvais acheteur », s’écria Jugurtha il y a deux mille ans de cela devant une cité rongée par la cupidité et la corruption alors que, grisée par sa puissance apparente, elle croyait pouvoir continuer à régner indéfiniment sur le monde.
Le système algérien ne laissera derrière lui ni les réalisations ni le souvenir de l’empire romain mais en écho Jugurtha on peut dire de lui aujourd’hui: DRS, DRS, une chute du prix du baril et tu sortiras de la matrice algérienne que tu as martyrisée.
La mémoire algérienne est falsifiée, les ressources nationales sont dilapidées, hypothéquant le destin national, le pays est menacé d’éclatement et sur la scène internationale nous sommes des pestiférés.
Comment a agi le RCD dans cette atmosphère de violence, de corruption et de censure ?
Nous avons d’abord tenu à construire un parti moderne qui fonctionne dans la transparence et la rigueur. Notre rassemblement est la seule formation algérienne, malgré toutes sortes d’entraves, à avoir tenu régulièrement ses réunions et débattu de toutes ses décisions dans ses instances. Le RCD est le seul parti à avoir rendu publiques toutes ses résolutions. La gestion des conflits a été traitée par une structure autonome qui a toujours su faire la différence entre l’erreur et la faute.
Dans ce dernier cas, les décisions arrêtées l’ont été en conformité avec les dispositions statutaires. Et quand des tentations de collusion avec le pouvoir ou des actes délictueux ont été commis au nom du Rassemblement, les sanctions prises ont été les mêmes quel que soit le niveau de responsabilité. Beaucoup d’entre vous ici sont des membres du conseil national.
Vous savez qu’en 23 ans d’existence, il y a eu deux interventions qui ont été interrompues dans nos réunions ; l’une à cause d’un état d’ébriété, l’autre pour des propos injurieux. Contrairement à la propagande de la presse publique et para publique, vous savez aussi que ceux qui ont été rejetés par le parti ne l’ont jamais été à cause d’une opinion ou de prétendues divergences idéologiques qui n’ont jamais été formulées dans le cadres des structures du rassemblement.
Cette exigence de vérité et cette intransigeance ont fait que le RCD a résisté aux attaques du pouvoir, des intégristes et, plus accessoirement, aux intrigues d’un vieux déchu qui a consacré la fin de sa vie à pérorer contre nous pour faire oublier sa fuite, ses cupidités et des compromissions qui l’ont conduit à transformer en conseiller spécial le tortionnaire d’octobre 88.
Sur un autre registre, la comptabilité du parti a été régulièrement exposée devant le conseil national et une disposition statutaire donne droit à tout militant d’accéder aux comptes du rassemblement qui s’établissent aujourd’hui comme suit :…………………………
Rien n’a pu atteindre la crédibilité et la stabilité du parti car notre fonctionnement a été loyal, équitable et transparent.
Il est fondamental de ne jamais oublier cette leçon de rigueur et de transparence. Dans les pays où règne l’opacité, l’arbitraire et la corruption, seules la conviction et l’intégrité peuvent permettre de durer et d’avancer.
Outre la rigueur éthique et la cohérence organique, il nous a fallu simultanément proposer et nous opposer. Nous sommes le parti qui a animé la scène publique dans un environnement gagné par les renoncements et l’opportunisme :
- La question de la place de la religion dans la cité, désertée y compris par les élites, n’a été introduite dans le débat national que par l’inlassable travail du RCD ;
- Nous savons tous quels anathèmes ont accompagné nos militants quand ils en appelaient à la nécessaire reconnaissance de la langue et de la culture amazigh et l’abrogation du code la famille ;
- C’est aussi notre combat qui a permis aux droits de l’homme de figurer dans les préoccupations des citoyens ;
- L’impératif de faire de la compétitivité économique un mode opératoire privilégié et le rééchelonnement de la dette furent d’autres tabous que nous avions du briser seuls ;
- La régionalisation qui conditionne le développement et la cohésion de notre peuple, livré au tribalisme avance aussi par les animations que nous menons dans et autour du parti ;
- La réhabilitation de notre patrimoine historique à travers la constitution de la première organisation des enfants de chouhada qui revendiquait, non pas des lots de terrain ou des locaux commerciaux, mais la remise au musée du sigle FLN et l’arrêt de la marchandisation du sang des martyrs fut notre fait.
De même, que nous avons affronté l’hystérie ambiante en abordant l’écriture libre de l’histoire de nos héros séquestrés, ce qui a permis aux langues de se délier. Depuis, nous découvrons notre passé avec ses épopées et ses zones d’ombres comme le font tous les peuples adultes. Nodine Aït Hamouda, qui a quelque raison et la légitimité de traiter de la question reviendra sur le prix que paie la nation aujourd’hui encore à la falsification et à la mystification de notre Histoire.
- L’intégration nord-africaine, en tant que préalable à la stabilité à l’émancipation et la promotion de notre région demeure une proposition contrariée par les slogans des officines. En Algérie comme au Maroc d’ailleurs, les segments sécuritaires savent que leurs hégémonies tutélaires dépendent de l’entretien des tensions qui doivent opposer les deux pays. Nous ne nous sommes pas laissés intimidés pour autant et toutes nos activités ont associé des intervenants tunisiens et marocains.
Je vois ici même madame Hakima el Haïté du Mouvement Populaire qui nous a gratifiés d’une remarquable communication sur le développement durable dans un séminaire organisé par le RCD à Alger il y a 2 ans et demi de cela. Je vois aussi, avec plaisir et émotion, madame Faouzia Charfi, représentante du PDP tunisien, qui avait accompagné son défunt époux, le grand et généreux Mohamed Charfi à une rencontre dédiée précisément à la perspective nord-africaine. Mohamed qui était un ami du RCD fut l’un des hommes de réflexion et d’action les plus brillants de sa génération. Il manque terriblement à son pays et à toute l’Afrique du nord dans ces moments cruciaux pour notre destin commun.
Grâce à notre acharnement, la conférence de Tanger et la Fédération des Etats nord-africains, dont aura à traiter demain mon ami Rafik Hassani, meuble à nouveau la discussion publique en Algérie.
- Autre tradition instaurée par notre parti : l’organisation des universités d’été qui permettent de perméabiliser les débats en les élargissant aux spécialistes. Ce matin, je passai devant l’exposition qui garnit les travées de cette salle et je revoyais les ouvrages publiés par notre parti autant sur ses activités propres que les événements politiques subis par notre pays comme les fraudes électorales ou le viol de la constitution.
Là aussi, le RCD est le seul parti à avoir produit une littérature politique qui témoigne des combats menés qui transmet les messages et pérennise les luttes engagées pour que nul n’oublie et pour prévenir les impostures qui déroutent les parcours de leurs objectifs et dépossèdent les peuples de leur mémoire.
En plus de la consolidation organique et la confection d’un projet de société, nous avons dû affronter le pire des cauchemars dans les régimes autocratiques : la désinformation. Le système DRS ne peut assumer ni son bilan ni proposer un projet politique qui se réduit du reste à la confiscation du patrimoine politique, symbolique et matériel du pays.
La gestion de sa communication est invariable et se retrouve sur tous les supports des services spéciaux. Elle tient en une phrase : tous les politiques se valent ; ce qui suggère une déduction : à quoi bon alors envisager le changement si c’est pour avoir la même chose. La proposition implicite qui en découle est claire : autant garder le même système.
Là aussi il a fallu se battre quotidiennement et concrètement sur le terrain pour sortir de cette confusion et en neutraliser les méfaits qui sont malheureusement relayés par certaines élites culpabilisées de ne pas avoir joué leur rôle dans les moments de grandes difficulté ou, plus prosaïquement, pour témoigner leur reconnaissance à un mentor auquel elles doivent une carrière ou un privilège indus.
Ce sont celles et ceux qui nous traitaient à l’époque du parti unique de contre-révolutionnaires, de suppôts de l’impérialisme qui se sont reconvertis dans l’entretien des confusions politiques après l’apparition du multipartisme.
Là aussi, la conviction et le dévouement militants ont été de grandes leçons de dignité et de pédagogie politiques.
Le rouleau compresseur des médias dignes de ceux de l’époque coloniale n’a rien pu contre nous. Voyez-vous, aujourd’hui nous n’avons voulu ni de la télévision ni de la radio publiques pour couvrir le seul congrès digne de ce nom que l’Algérie ait connu ces derniers mois. Eh bien ! Nous sommes fiers de ce rejet.
Il atteste de notre détermination à ne rien céder sur nos principes et nous conforte dans le fait que rien ne peut être entrepris dans le cadre du système. C’est justement en nous battant contre cette télévision et cette radio que nous sommes sortis de prison et que nous avons arraché le droit de nous réunir aujourd’hui ici.
C’est aussi en luttant contre cette télévision et cette radio, où ils ne sont jamais passés, que Kateb Yacine et Matoub sont rentrés dans l’Histoire. Ceux qui squattent la radio et la télévision actuelles sont des comètes politiques ; ils sont oubliés du jour au lendemain et les rares dont on continue de parler sont dans les poubelles de l’Histoire.
Nous avons pu garder le cap, redonner espoir à notre peuple et prouver, grâce à une gestion et un fonctionnement militant à la mesure du respect que nous revendiquons. Rien n’a pu atteindre la crédibilité du parti car notre fonctionnement a été loyal, équitable et transparent. Nous avons prouvé que la dilapidation du bien commun et la décadence du service public ne sont pas des fatalités. Non messieurs du DRS, tous les partis ne sont pas les mêmes.
Il ne peut pas y avoir de similitude entre le RCD qui exclut de ses rangs un ministre qui a racketté les importateurs de médicaments et les entrepreneurs quand il sévissait aux ministères de la santé et des travaux publics et le DRS qui lui donne 8 millions de dinars au moment où il est démasqué pour lancer illégalement un journal contre l’opposition alors que la chose était refusée aux journalistes professionnels.
Malgré les diffamations et les désinformations, les Algériens savent que tous les dirigeants ne sont pas les mêmes. Entre ceux qui renoncent à leur carrière, risquent leur vie et hypothèquent leur liberté en allant en prison ou en s’exposant dans la rue avec leurs concitoyens et ceux qui squattent les niches officielles pour parasiter l’Etat, il n’y a pas de similitudes. Les premiers sont au RCD, les seconds sont dans la coalition gouvernementale.
Il n’y a pas de similitude possible, non plus, entre un député qui exige des comptes sur la gestion du Fonds de régulation des recettes ; les dérives de Sonatrach ou les séquestrations des restes d’Amirouche et Haoues et celui qui lève la main quand la constitution est violée et qu’on laisse occuper illégalement un bien vacant ou qui détourne un patrimoine foncier dans sa commune.
Les APC du RCD, exécutant les termes de la charte de l’élu du rassemblement et associant leurs administrés, ont pu procéder à la distribution des logements sociaux à El Kseur, Imceddalen, Fréha et Mekla sans la moindre contestation pendant qu’à Laghouat, la même opération a provoqué des émeutes de plusieurs jours.
A Chlef, 7000 logements neufs sont restés à ce jour inoccupés par ce que les élus, perdant toute crédibilité, risquent d’embraser la région si jamais ils décidaient d’établir la moindre liste. Les élus du RCD viennent d’honorer leur mission en se tenant jour et nuit aux côtés de leurs concitoyens lors des dernières intempéries alors que l’Etat avait démissionné devant ses responsabilités les plus élémentaires.
Non, messieurs du DRS tous les élus ne sont pas les mêmes.
Oui messieurs du DRS, le RCD compte des maires dignes des plus grandes démocraties.
Il faudra veiller d’avantage à l’avenir à ne jamais laisser le citoyen livré à la seule propagande officielle. La désinformation est une arme redoutable que le système a mise au point de longue date. Quand on assassine des titres comme Alger Républicain ou El Djemhouria pour assurer la promotion de tracts de caniveau, cela signe une stratégie et des objectifs précis quant à la volonté d’étouffer la vie publique et d’isoler les citoyens les uns des autres.
Développer l’utilisation des nouvelles technologies pour porter l’action du rassemblement est une bonne initiative mais la rencontre de proximité n’a pas d’égal pour contrecarrer l’intox et le conditionnement des agents masqués du régime qui pullulent partout.
Par rapport au RCD, la stratégie a toujours été la même : ignorer l’action du parti dans un premier temps, réprimer quand cela est possible et, en dernier ressort, polluer nos propositions par le clonage, l’infiltration ou la diffamation. C’est ce qui a été fait pour l’organisation d’enfants de chouhada, la Ligue des droits de l’homme, la régionalisation et même, dernièrement, la surveillance internationale puisque le pouvoir espère semer la confusion en laissant venir les observateurs le jour du vote tout en refusant l’assainissement du fichier électoral qui était la condition à une bonne surveillance.
On se retrouve d’ailleurs dans ce paradoxe très algérien qui fait qu’à ce jour, le RCD qui est le seul parti politique à avoir demandé une vraie surveillance est celui qui ne prendra pas part aux élections. Il n’y aura pas de surveillance électorale qualifiée car sans assainissement du fichier électoral il est impossible d’empêcher la fraude. Tout au plus, pourra-t-on la constater partiellement. On a vu comment le pouvoir qui nous a stigmatisés pendant des années pour avoir exigé une surveillance a fini par se saisir de la même proposition pour la pervertir.
Si on veut garder la clarté de nos messages, chaque militant, partout où il se trouve, doit être une source active de communication.
Mes chers amis,
Nous avons lutté et déstabilisé le parti unique avec des moyens très modestes. Nous avons construit un vrai parti démocratique, vivant et crédible. Nous avons dénoncé les arbitraires qui accablent nos concitoyens, armés de notre seule ferveur. Nous avons construit le seul projet alternatif digne des sacrifices de notre peuple. Nous avons prouvé qu’il était possible de faire fonctionner le service public dans la transparence et au profit du plus grand nombre. Nous avons réhabilité, adapté et transmis le sublime message de novembre et de la Soummam à une génération qui occupe aujourd’hui les premières responsabilités dans notre parti.
Enfin, nous avons accompagné toutes les luttes de nos concitoyens et nous avons désamorcé à l’hiver 2011 la manipulation du pouvoir qui avait voulu réduire à une flambée de délinquance le mouvement qui émergeait dans le pays à la faveur des libérations qui ont emporté les dictatures de la région.
Cela représente un beau bilan. Même s’il reste encore beaucoup à faire nous avons tracé des chemins que rien ni personne ne pourra détourner. La prochaine phase consiste à communiquer plus et mieux pour sensibiliser nos compatriotes et les aider à fédérer les énergies qui s’expriment chaque jour dans nos villes et villages. A chaque génération sa mission à chaque période ses exigences.
Je pense sincèrement que désormais il faut que les jeunes cadres du parti, qui représentent déjà l’essentiel de la direction, assument leurs pleines responsabilités dans les nouvelles étapes qui attendent le pays.
Avec une conscience sereine et une pleine confiance en l’avenir, je vous annonce ma décision de ne pas me représenter au poste de résident du RCD. J’ai longuement réfléchi, je m’en suis ouvert aux membres de la direction. Il est temps que les compétences formées dans et par le parti s’expriment et s’accomplissent. Il va de soi que je resterai militant car j’estime que l’on n’a pas le droit de revendiquer la liberté et la justice et s’exonérer d’un engagement personnel dans les luttes qui se mènent pour la démocratie.
Chers amis.
Même si nous n’avons jamais voulu étalonner nos ambitions aux méthodes et pratiques en vigueur dans notre pays, nous pouvons dire que le RCD a largement de quoi faire face pour former, organiser et mobiliser les enfants d’Algérie qui peuvent reconstruire l’Etat, stabiliser la nation et libérer la société.
Vous disposez d’une réhabilitation de l’histoire fondatrice de notre nation, le parcours que nous avons emprunté jusque-là se confond avec le cheminement du combat de la dignité qui restaure, prolonge et actualise celui de nos aînés, vous baignez dans une culture politique qui a forcé le respect et l’admiration de nos concitoyens, y compris quand ils sont nos adversaires politiques, vous avez le seul projet politique qui a identifié, agrégé et structuré les problématiques de votre pays que vous avez réintégré dans son environnement géopolitique, vous avez des structures qui ont résisté à toutes les répressions, les provocations et les censures. C’est un bel investissement. Je suis sûr que vous l’honorerez.
L’avenir vous appartient. Vous avez été protégés des ignominies et des infamies qui ont accablées notre pays. Vous pouvez marcher fièrement parmi vos concitoyens. Nous n’avons rien à demander, nous n’avons rien à nous faire pardonner.
Le DRS entame sa fin de vie. La prochaine élection est probablement l’une de ses dernières manipulations. En restant à l’écart de cette machination, vous honorez notre éthique, vous faites écho à l’aspiration démocratique de notre peuple et vous vous préparez à aller à des compétitions électorales loyales avec le meilleur des viatiques : celui de la crédibilité. N’oubliez jamais deux choses : l’impasse algérienne est d’abord un déficit de confiance et n’oubliez jamais, non plus, que c’est notre intégrité qui nous a permis d’exister et de durer.
Vous êtes dépositaires de la seule vertu qui peut encore parler aux Algériens : l’honneur. Ils vous le rendront dans un proche avenir et ce ne sera que justice.
Aujourd’hui, je vous le redis ici, plus convaincu que jamais : on ne peut pas sauver l’Algérie et le régime. Je sais que votre choix est fait depuis longtemps.
Gloire à nos martyrs,Vive le RCD ;Vive l’Algérie démocratique et sociale.
Je vous remercie.Said Sadi

.Alger, le 9 mars 2012.