Cette femme écrivain kabyle est l’auteur de plusieurs ouvrages littéraire dont : L’ode à l’espérance (Recueil de nouvelles) Paru en mai 2011 et Kabylie ou l’identité martyrisée, edition Persée, paru en décembre 2009.
13/05/2012 - 00:04 mis a jour le 13/05/2012 - 00:03 par
D’une humilité comme seules les femmes élites de notre société savent l’être, Zira n At Habu tenait à s’enquérir des activités du MAK et de son évolution sur le terrain depuis sa création le 05 juin 2001.
Les discutions fructueuses ont porté sur l’état des lieux, les voies et les moyens à mettre en œuvre pour mener le bateau kabyle à bon port. Cette femme de lettre, prolifique et féconde, tout en exprimant son indignation devant la situation alarmante que traverse la Kabylie sur tous les plans, a tenu à faire des propositions pour aider le MAK à aller de l’avant dans sa mission libératrice.
Inévitablement la discussion a débordé sur la dernière mascarade électorale organisée par ceux qui tiennent l’Algérie en otage depuis 1962 et les taux de participations fictifs déclarés par un régime infâme à l’agonie qui croyait ainsi gagner un sursis pour sa survie. Le président du MAK a rassuré son interlocutrice du fait que nos braves Kabyles sont restés fidèles à eux mêmes et ont répondu favorablement et massivement au rejet auquel a appelé le MAK.
Zira n At Habu, a tenu à féliciter le MAK pour les avancées enregistrées sur les plans national et international dans des conditions plus que difficiles. Elle a réitéré son soutien indéfectible pour le mouvement et le Gouvernement provisoire dont elle salue l’action sur le plan diplomatique.
La délégation du MAK a exprimé sa sympathie et son amitié à cette femme pour son engagement et tout l’intérêt qu’elle porte et qu’elle nourrit pour une Kabylie libre et autonome.
Il est à rappeler que l’écrivain Zira n At Habu a participé à travers une communication écrite à la convention nationale kabyle organisée par le MAK les 1er et 2 Avril 2011. Voici sa contribution :
Le monde arabe se soulève...excepté l’Algérie. Pourquoi ?
En tout cas, ce n’est pas parce que tout va bien dans ce pays ! Seulement, les marches prévues par quelques démocrates pour appeler au changement démocratique, ont été empêchées, à chaque fois, par un impressionnant service d’ordre, épaulé par des voyous, lesquels avaient été enrôlés pour agresser les manifestants, tant verbalement que physiquement.
Aucun intellectuel algérien, non kabyle, n’a jamais eu l’honnêteté de dénoncer le comportement qui prime dans la société algérienne, à savoir l’inexistence de solidarité envers les démocrates, qu’on appelle "la minorité", et, en revanche, un excès d’empathie pour tout combat estampillé "arabo-islamique". Désigner les choses comme elles sont réellement eût été une attitude majeure qui aurait fait réfléchir, plutôt qu’elle n’aurait créé des "divisions" au sein de populations qui ont été, à dessein, laissées dans le flou, et qui ont fini par adhérer à "l’ignorance" par militantisme - cela crée une unité nationale - !
De temps à autre, quelques Algériens manifestent pour demander des logements ou contre l’augmentation du prix des denrées alimentaires ; mais jamais pour dénoncer les dépassements graves du Pouvoir, en ce qui concerne les libertés civiques. Et pour cause, les Algériens -les peuples arabes, en général- ont été modelés pour reconnaître dans la dictature la seule forme de gouvernance d’un pays (arabe). En retour, celle-là aurait dû voir, dès le départ, aux droits les plus élémentaires de ces citoyens qui ne demandent rien d’autre que des satisfactions matérielles.
Désolée, mais fondamentalement, nous n’avons pas, avec tous ceux-là, la même façon de concevoir la chose publique ; et nous refusons que le fait d’avoir combattu ensemble le colonialisme français doive constituer, comme le prétendent certains (Yasmina Khadra, par exemple), un lien indéfectible qui équivaut, en ce qui nous concerne, au resserrement des chaînes du boulet d’esclavage qu’ils nous condamnent à porter. Parmi les pays dits "arabes", l’Algérie est le pays le plus cadenassé. Cadenassé, il l’est politiquement et idéologiquement. La société l’est d’autant plus mentalement.
Afin de décourager les éventuels démocrates non kabyles, qui voudraient, par extraordinaire, se porter aux côtés des Kabyles, les tenants du pouvoir ont des mots-clés, telles "la traîtrise" et "la manipulation néo-colonialiste". Une chose est sûre, la revendication identitaire kabyle est antérieure à la colonisation française. C’est pour illustrer cela que j’ai situé le contexte de mon ouvrage, intitulé "Kabylie, ou l’identité martyrisée", au dix-huitième siècle. Mon histoire met en scène des Kabyles en butte à l’impérialisme arabo-islamique qu’ils n’ont accepté à aucun moment de l’histoire.
Les tenants de l’arabo-islamisme, lassés à la longue de notre résistance, nous avaient laissé une relative liberté de nous autogérer, pourvu que nous restions "chez nous", dans nos montagnes, et que nous ne contaminions pas les autres régions par notre conception démocratique de la vie sociale.
À la perte du royaume de Grenade - ce qui équivalait à la fin de la mainmise de l’arabo-islamisme sur un petit bout d’Europe -, les chefs de provinces et les autorités religieuses algériens, de peur de la contagion hispanique, et aussi pour ne pas perdre leurs prérogatives, firent appel à la Turquie afin qu’elle les aide à défendre l’idéologie arabo-islamique. Ce sont les Turcs qui détruisirent notre autonomie par leurs incursions dans notre pays et l’implantation du principe des Marabouts, lesquels seraient chargés d’islamiser le peuple kabyle...
Aujourd’hui, l’honneur de sortir la Kabylie du colonialisme le plus négateur qui soit à notre encontre, incombe à tous les Kabyles qui se targuent de fidélité à notre identité, qu’ils soient descendants de Marabout, ou pas.
La seule voie de salut est l’autonomie de la Kabylie, qui garantira la survie de notre peuple, avec son identité et sa liberté, qu’elle soit confessionnelle, ou de pensée.
Alger, pour Tamurt.info, Amghid Ilelli